La beauté ~ Charles Baudelaire

Je suis belle, ô mortels ! comme un rêve de pierre,
Et mon sein, où chacun s'est meurtri tour à tour,
Est fait pour inspirer au poète un amour
Éternel et muet ainsi que la matière.

Je trône dans l'azur comme un sphinx incompris ;
J'unis un coeur de neige à la blancheur des cygnes ;
Je hais le mouvement qui déplace les lignes,
Et jamais je ne pleure et jamais je ne ris.

Les poètes, devant mes grandes attitudes,
Que j'ai l'air d'emprunter aux plus fiers monuments,
Consumeront leurs jours en d'austères études ;

Car j'ai, pour fasciner ces dociles amants,
De purs miroirs qui font toutes choses plus belles :
Mes yeux, mes larges yeux aux clartés éternelles !

Charles Baudelaire-La beauté

       Ecrit en 1857 par Charles Baudelaire, La beauté est un poème tiré du recueil Les fleur du mal. Le poème présenté est un sonnet, il y a donc deux quatrains et deux tercets. Il est écrit en alexandrin c'est-à-dire que chaque vers comporte 12 syllabes. On peut remarque que chacun des vers du poème peut correspondre au mythe de Méduse. Cependant, nous admettons que plusieurs analyses de ce poème sont possibles.

  C'est grâce au romantiques que l'on rencontre pour la première fois une Méduse violée par Poséidon dans le temple d’Athéna. C’est lors du 19ième siècle que l’on voit une nette évolution du mythe et de la représentation de Méduse. Il est vrai que pour la première fois depuis des siècles Méduse devient le modèle de la femme maudite étant qu’elle subit le sort d’Athéna alors qu’elle a été violée, mais elle deviendra ainsi une femme fatale, montrant la fragilité du sexe féminin en plus de sa beauté naturelle.

         Cette beauté est la cause de son malheureux de son destin mais il en est aussi la conséquence. Pour les romantiques Méduse devient une femme fatale grâce à sa douleur et sa peine d’avoir été changer en monstre. En outre les poèmes du 19ième siècle sont des poèmes élégiaques exprimant la souffrance. Dans ce cas, Baudelaire exprime la souffrance de Méduse face à son viol et à sa propre transformation. Son viol est une nouveauté dans le mythe, il n’a que très peu été évoquer depuis l’antiquité gréco-romaine.

    La représentation de ce personnage mythologique est donc perçue différemment à partir du 21ème, passant d’une vision d’horreur Méduse deviendra une femme désirable au fil du temps, malgré que le psychanalyste Sigmund Freud s’appropriera le mythe de Méduse pour justifier sa pensée grâce au mythe.